On les croyait morts mais ils sont revenus en zombis ! Des morts vivants semant la terreur et la désolation sur leur passage !
Oui on ne donnait pas cher de la peau des Canadiens de Montréal avant le début des présentes séries de la Coupe Stanley. Entrés en éliminatoires par charité et grâce aux changements de divisions apportés par le COVID-19, ils ont exécuté à la perfection le plan de match des entraîneurs de l'équipe, et les voilà en finale pour la première fois en 28 ans.
Le plan en question n'était pas un secret. Les adversaires du CH n'avaient pas besoin d'envoyer des espions aux sessions d'entraînement du tricolore pour le découvrir. L'entraîneur en chef des Habs Dominique Ducharme s'en était ouvert d'entrée de jeu : réinventer le mythique système de la trappe (version 2.0) afin de priver de temps et d'espace des adversaires plus talentueux qu'eux. En somme, enfermer les meilleurs joueurs adverses dans des camisoles de force. Avec la complicité d'arbitres complaisants...
Il y a quelques années, craignant pour la popularité et le rendement de leur «produit hockey», les dirigeants de la Ligue Nationale avaient changé les règlements du jeu et les règles de l'arbitrage afin de libérer les joueurs de talent des entraves de ce malheureux et ennuyant système de la trappe, qui avait été copié par toutes les équipes à l'époque où il avait tant fait le succès des Devils du New Jersey de Lou Lamoriello (photo ci-dessus - trois Coupes Stanley).
Ces changements visaient, entre autres, à enrayer les composantes de la trappe : accrochages, obstructions, gestes pour retenir, cinglages, entraves en zone neutre, etc. On a partiellement réglé le problème dans les matchs de saison régulière, mais, pour une raison inconnue, toutes ces belles améliorations s'éteignent en séries éliminatoires. L'anti-hockey, les chasseurs trappeurs, les empêcheurs de tourner en rond, l'asphyxie générale, l'étouffoir collectif, la camisole de force, le patinage dans le ciment, reprennent le dessus.
Ce qui fait qu'un club poche comme le Canadien peut battre des clubs qui lui sont pourtant supérieurs sur papier ou durant la saison régulière.
Le bon hockey est déjà assez rare de nos jours avec le talent supérieur dilué à travers 31 clubs (bientôt 32 avec Seattle la saison prochaine). On a du mal à former un bon trio offensif par équipe. Lorsque l'on réussit à rassembler un ou deux de ces bonnes lignes d'attaque, les chances de réussites sont considérablement augmentées. L'exemple parfait ce sont les champions actuels : le Lightning de Tampa Bay. Bien sûr, pour gagner la Coupe il faut que ces attaquants talentueux obtiennent la coopération de bons joueurs de soutien, d'une défensive étanche et d'un gardien de but d'élite.
Mais comme on sait, il est relativement facile d'enseigner à des hockeyeurs comment bien jouer défensivement. Le talent offensif, lui, ne s'enseigne pas.
Peut-on donner le crédit aux dirigeants du CH d'avoir bien préparé leurs joueurs à profiter des failles de l'arbitrage en séries, et en implantant cette efficace robotisation de la trappe version 2.0 ? Non ! C'est trop triste pour les amateurs de beau hockey. C'est tuer notre sport nationale avec cet endormant et sinistre spectacle.
Ils ne sont déjà pas si nombreux ces joueurs qui nous enchantent par leurs tours de force sur la patinoire : les McDavid, MacKinnon, Matthews, Marchand, Crosby, Pastrnak, Kucherov (photo ci-dessus), Stamkos, Barzal... Laissez-les jouer ! Ne leur passer pas les menottes ! Puisqu'il le faut, agrandissez les patinoires aux dimensions de celles des jeux olympiques pour leur donner de l'espace pour exprimer leur talent.
Ce sont ces surdoués que l'on veut voir élever la qualité du jeu. Pas des mornes geôliers comme Philip Danault ou Ben Chiarot qui mettent leurs adversaires dans les fers.
Dans son hymne à la beauté du monde, Luc Plamondon écrivait : «Ne tuons pas la beauté du monde». Si le pitoyable Canadien de Montréal gagne la Coupe Stanley contre le talentueux club du Lightning de Tampa Bay, il aura tué à nouveau la beauté fragile du hockey qui tentait tant bien que mal de renaître ces dernières années. Sa misérable version 2.0 de la trappe fera école et sera reprise par toutes les équipes de la Ligue qui vont espérer suivre leurs traces vers le succès.
Parlant de beauté, j'ai entamé depuis quelques semaines un blogue sur ce sujet. C'est assez étonnant ce que la beauté peut faire dans la vie.